• a) Le domaine de Vaux et ses résidents.

Le domaine du château de Vaux est devenu aujourd’hui une exploitation agricole. Il est situé, sur le coteau qui borde l’Indre, sur la route départementale qui va d’Esvres à Veigné puis à Montbazon. Ce domaine est accessible par la vallée de l’Indre mais aussi par le plateau qui la surplombe.

Pendant la guerre, il était la propriété résidentielle du fils de François Coty, parfumeur alors très célèbre et fondateur d’une des ligues qui structuraient une partie de la vie politique des années 1930. Roland COTY, le propriétaire du domaine, n’y habitait pas toute l’année mais sa maîtresse Mireille-Edmée JOBINEAU (dite Hélène) y résidait avec des domestiques dont  l’indochinois  PHAN BANG, qui jouera un rôle important dans le piège mis en place par la Gestapo et la Milice.

Le domaine est constitué de plusieurs bâtiments, certains à usage d’habitation, d’autres à usage agricole. Dans les années 1940, les religieuses du sanatorium de la Croix Montoire,  basé à Saint Symphorien, se sont repliées  à Vaux pour fuir les bombardements autour de la base aérienne. Elles résident là avec leurs malades soignés pour  la tuberculose.  Elles seront les témoins passifs des événements.

Dans un autre bâtiment, vit le régisseur de la propriété qui ne sera jamais inquiété, ni par la Gestapo, ni lors du procès de 1945. Au contraire, l’ouvrier agricole qui travaille sur le domaine sera une des premières victimes de la rafle[1] avec sa femme et ses enfants.

  • b) Ce que représente Vaux  pour le groupe de résistants.

Créé par Joseph Bourreau, directeur d’école, lieutenant au 32 RI pendant la guerre puis officier de réserve n’ayant jamais accepté la défaite de 1940, le groupe de résistants d’Esvres, était constitué d’hommes et de femmes organisés collectivement dans le but de libérer la France de l’occupant[5]. Il comprenait quelques militants communistes dont André Varvoux, mais le rattachement aux FTP[6] du groupe d’Esvres a été fait arbitrairement après la guerre sur la base de témoignages peu fiables.

Ce groupe  venait, une fois de plus, de recevoir de Londres des armes et des explosifs, parachutés pendant la nuit du jeudi 27 au vendredi 28 juillet, dans la plus grande discrétion  sur la commune d’Athée-sur-Cher (13 tonnes). Il avait choisi les caves du bâtiment agricole de Vaux pour en cacher une partie. La possibilité d’un double accès à la propriété leur apparaissait sans doute comme un gage de sécurité s’ils devaient fuir. Ces armes devaient leur permettre de saboter les voies ferrées pour ralentir, voire interdire, les mouvements de l’armée ennemie convergeant vers l’ouest de la France où le débarquement allié avait déjà eu lieu.

  • c) La mise en place du piège.

Il est certain que le groupe d’Esvres était depuis longtemps surveillé de près par la Gestapo assistée par la Milice mais, jusque là, les résistants avaient réussi à échapper à leurs investigations. Pour rappel, la Gestapo était la police politique nazie [7] intervenant en zone occupée, la Milice était constituée de Français collaborant avec la politique de l’occupant et avec le gouvernement du maréchal Pétain.

C’est la trahison d’un membre du groupe qui va permettre la mise en place du piège.  PETITCLAIR, réfugié[8] venu de la région parisienne avec sa famille et installé à Esvres comme épicier. Il est désigné comme le coupable essentiel au cours du procès qui a lieu au Palais de Justice de Tours en 1945.  Mais il n’a pas été le seul à intervenir : ses complices  ont été : sa femme Irène, son employée, le domestique vietnamien du château PHAN BANG, et d’autres personnes dont l’importance a été éludée au moment de l’enquête. Arrêté par la Gestapo  et conduit dans ses locaux de Tours à l’angle des rues George Sand et Victor Hugo, il en ressort sans avoir subi aucune torture et en ayant laissé aux policiers nazis une liste quasi complète de son groupe. Cette liste sera retrouvée, après la rafle, oubliée sur un lit, à l’intérieur du Château de Vaux. Les véritables motivations de ce  traître restent obscures.

Il est certain que l’adresse de la cache d’armes avait  aussi été  livrée puisque les gestapistes[9] et les miliciens[10] vont, en toute discrétion, s’installer dans la ferme de Vaux dans la nuit du samedi au dimanche après avoir arrêté  l’ouvrier agricole et sa famille qui habitaient là. Le guet-apens était en place pour piéger un à un tous les membres du groupe en les attirant à Vaux. Plusieurs mensonges furent utilisés mais la présence d’un officier anglais recherchant de l’aide a été le plus fréquent. L’un des gestapistes, parfaitement bilingue, jouant le rôle de l’officier.

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